Convivialité, n. f. : Capacité d'une société à favoriser la tolérance et les échanges réciproques des personnes et des groupes qui la composent.
Le Larousse, 2011
La convivialité est un terme beaucoup utilisé dans le langage courant, pourtant il reste insuffisamment théorisé et contextualisé.
C’est autour du partage de la table et de la commensalité que se développe la notion de convivialité, notamment au XIXe siècle. Pierre Larousse dans son Grand dictionnaire universel du XIXe siècle (1869) définit la convivialité comme le « goût des réunions joyeuses et des festins ». On le retrouve dans Physiologie du goût (1825) de Jean Anthelme Brillat-Savarin pour désigner « le plaisir de vivre ensemble, de chercher des équilibres nécessaires à établir une bonne communication, un échange sincèrement amical autour d’une table. La convivialité correspond au processus par lequel on développe et assume son rôle de convive, ceci s’associant toujours au partage alimentaire, se superposant à la commensalité. » (Jean-Pierre Corbeau). Ces définitions amènent à considérer la convivialité comme un processus de socialisation entraînant la construction d’un ethos ou d’un habitus. Il convient donc d’aborder la convivialité dans sa dimension socialisatrice, qui, si elle a été soulignée par la littérature scientifique, n’a été que peu traitée. La convivialité est « un état d’esprit, une façon d’être avec autrui qui efface les différences socioéconomiques et rassemble aimablement des individus en une communauté quasi égalitaire. Elle n’homogénéise pas, mais pacifie et socialise. » (Paquot, 2020 : 40) ; : « La convivialité [s’] exprime non seulement comme une valeur émergente, appelée à raviver et à consolider les relations, mais aussi comme un idéal de bien-être individuel et collectif. » (Bonescu et Boutaud, 2012 : 453).
• Berhuet Solen, Brice Mansencal Lucie, Étienne Lucie,
Guisse Nelly, Hoibian Sandra, 10 ans d’observation de
l’isolement relationnel : un phénomène en forte
progression. Les solitudes en France – édition 2020,
CREDOC-Fondation de France, 2020, 185p.
• Bigot Régis, “Quelques aspects de la sociabilité des Français”, Cahiers du Crédoc, n°169, décembre 2001.
• Bonescu Mihaela, Boutaud Jean-Jacques, “L’ethos de la
convivialité. De la table à la tablette”, Interfaces
numériques, Editions design numérique, 2012, 1 (3), pp.453-470.
• Gefen Alexandre, Laugier Sandra, Le pouvoir des liens
faibles, Paris, CNRS, coll. « Philosophie et histoire des idées
», 2020, 384 p.
• Granovetter Mark, « The strength of weak ties », American
Journal of Sociology, vol. 78, trad. sous le titre « La force des
liens faibles », in Granovetter M. S., Le Marché autrement,
Paris, Desclée de Brouwer, 2000 [1973], p. 45-74 et p.1360-1380.
• Illich Ivan, La convivialité, Paris, Seuil, Essais, 2014 [1963], 160p.
• Paquot Thierry, Ivan Illich et la société conviviale, Passagers clandestins, 2020, 218p.
Les liens faibles structurent au moins autant notre société que les liens forts (Gefen, Laugier : 2020). Ces liens faibles sont au cœur de notre approche qui tend à rendre visible leur implication dans la structuration sociale.
Le concept de « liens faibles » (weak ties) est un terme de sociologie introduit par Mark Granovetter dans les années 1970. Il s’agit d’une théorie qui examine comment les relations entre les personnes qui ne sont pas très proches (les liens faibles) peuvent être plus utiles et importantes que les relations étroites (les liens forts) pour certaines fonctions sociales, comme la diffusion d’informations et l’obtention d’opportunités.
> **Liens forts** : Ce sont les relations proches que vous avez avec votre famille, vos amis proches, ou des collègues avec lesquels vous interagissez fréquemment. Ces relations sont caractérisées par une forte confiance, un soutien émotionnel, et souvent une longue histoire commune. Vous partagez beaucoup d’expériences et d’informations avec ces personnes, mais votre réseau commun est souvent limité car vous connaissez les mêmes personnes.
> **Liens faibles** : Ce sont des relations moins intimes, comme des connaissances, des amis d’amis, ou des collègues avec lesquels vous interagissez occasionnellement. Ces relations sont moins intenses émotionnellement et impliquent moins d’engagement. Cependant, elles sont précieuses car elles servent de ponts vers d’autres réseaux sociaux auxquels vous n’auriez pas accès autrement. Par exemple, trouver un emploi par l’intermédiaire d’une connaissance plutôt que d’un ami proche est un exemple classique de l’utilité des liens faibles.
Ces liens faibles sont cruciaux et relient des groupes sociaux différents, permettant à l’information de circuler plus largement et plus rapidement que dans des réseaux densément tissés de liens forts. En bref, les liens faibles vous connectent à un monde plus vaste, tandis que les liens forts vous maintiennent ancré dans votre monde immédiat.